CERTAINES RACES SONT-ELLES PLUS DANGEREUSES QUE D’AUTRES ?
Depuis la loi du 6 Janvier 99, l’effectif de la race Stafffordshire terrier est passé au 5ème rang avec plus de 6000 individus et d’autres races molossoïdes ne subissant pas les contraintes de la loi ont connu un engouement du public : Dogo Argentino, Mâtin de Naples, Dogo Canario, etc.
D’autre part, il existe des « modes » en matière de races dites dangereuses : dans les années 70 le Dobermann était considéré comme un chien très agressif.
A contrario les standards de race attribuent à d’autres races des caractéristiques comportementales qui incitent à les choisir en les croyant dénuées de toute dangerosité.
Ainsi le Retriever du Labrador serait un chien très attaché à son maître, patient avec les enfants, doux avec sa famille alors que le Husky de Sibérie est considéré comme fugueur et chasseur de nature et oublierait très vite les exercices d’obéissance lorsqu’ll en aura envie. De son côté, le Beauceron serait un parfait babysitter d’enfants qu’il surveillerait avec la plus grande attention.
Se fier uniquement à de tels descriptifs risque bien de confronter le futur propriétaire à de cruelles désillusions !
L’agressivité fait partie du répertoire comportemental normal du chien (comme de l’humain !).
Même chez les souris, il n’a jamais été mis en évidence de gène de l’agressivité.
Au sein d’une race la communauté génétique entre deux individus est très faible.
L’héritabilité d’un trait de caractère au sein d’une population dépend à la fois de la génétique et de l’environnement.
Il semble bien que les conditions de vie, d’éducation de représentation de l’image de l’animal soient tout aussi importantes dans la représentativité d’un trait de caractère au sein d’une race que son patrimoine génétique.
TOUS les facteurs influençant le comportement (la compétence de la mère, la date de la séparation avec cette mère, les conditions d’élevage, les expériences vécues, l’éducation apportée, les relations du chien avec ses maîtres et plus largement avec les humains) vont avoir une influence sur l’apparition de tel ou tel comportement et notamment le comportement agressif.
Il existe pour CHAQUE INDIVIDU un tempérament qui lui est propre : dynamique, placide, etc.
Chez le chien la dangerosité provient essentiellement du risque de morsure (quoiqu’une bousculade fougueuse ne soit pas dénuée de danger !)
Ce risque est très augmenté lors de certaines affections :
Maladies du développement comportemental (chiens HSHA, brutaux, sans contrôle de leur motricité et de leurs morsures, chiens phobiques, ayant une peur panique de tout et en particulier des humains, chiens non socialisés à l’homme),
Mauvaise qualité de la communication avec les humains, avec les autres chiens, troubles hiérarchiques,
Anxiété,
Maladies « psychiatriques canines » pouvant occasionner de graves morsures,
Maladies organiques douloureuses (arthrose, otites), troubles de la vue, de l’ouie, troubles neurologiques, hormonaux, etc.
Ce risque dépend également du risque de survenue des morsures et de la vulnérabilité des victimes potentielles : Un chien de grand format fera bien entendu plus de dégâts lors d’une morsure sur un enfant qu’un chien de petit format, mais un chien de petite taille peut avoir plus souvent l’occasion de mordre l’enfant de la famille tout simplement parce qu’il le côtoie en permanence et en toute circonstance alors que son congénère, plus encombrant, est relégué à l’écart.
Certaines activités (combats, jeux violents) peuvent également décupler l’agressivité naturelle d’un chien en instrumentalisant la morsure. C’est pour cette raison que la loi du 6 Janvier 1999 a prévu un encadrement strict (détention d’un certificat de capacité) des activités de dressage au mordant.
Si le risque zéro n’existe pas, bien entendu, la prévention de la dangerosité canine passe par une bonne sélection de femelles mises à la reproduction, le choix d’un chiot « équilibré », âgé d’au moins 8 semaines lors de l’achat (article 215-5-1 du Code Rural) ,élevé dans des conditions d’élevage stimulantes et variées avec ses congénères, socialisé correctement aux humains si possible aux enfants.
Un dépistage précoce des affections influant sur la dangerosité ultérieure de l’animal est bien entendu effectué à l’occasion des visites vaccinales ou lors de la réalisation d’un bilan comportemental du chiot, et d’une consultation pubertaire. Une visite d’achat est également conseillée. Par ailleurs, la loi a instauré depuis peu l’obligation d’un certificat vétérinaire de cession avant la mise en vente d’un chiot (Code rural L. 214-8 et D. 214-32-2 ; Décret n° 2008-2016 du 25 novembre 2008).
La prévention de la dangerosité passe aussi essentiellement par des consultations précoces lors de manifestations agressives : n’attendez pas la morsure ! consultez dés l’apparition de menaces : grognements, babines retroussées, poil hérissé.
40% des enfants gravement mordus en France avaient déjà été mordus par le même chien! Tous ces accidents auraient pû être évités si les propriétaires avaient consulté à l’apparition des menaces.
Certaines races peuvent donner l’impression qu’elles sont plus agressives que d’autres, essentiellement en raison de leurs traits morphologiques mais aussi de leurs conditions d’éducation, de leur statut social actuel, bien que cette hypothèse ne soit guère défendable.
La bonne race est donc celle qui vous plaira le plus !
A la condition de tenir compte des conséquences de ses caractéristiques morphologiques (poids, taille à l’âge adulte, mode de vie adapté, besoins d’activité) et de le choisir en toute connaissance de cause en prenant garde à ses conditions d’élevage, de l’éduquer et de le socialiser avec attention et compétence, votre chiot devrait vous convaincre qu’après tout le chien est un des meilleurs compagnons de l’homme depuis plus de 10 000 ans !